Le dancehall. À l’évocation de ce mot, on peut souvent observer un immédiat mouvement de recul – voire de dégoût – pour ceux qui n’écoutent que de la musique dites “cérébrée”. Pourtant, ça fait un moment qu’on voit sa locomotive fumante débarquer sur le devant d’une scène où on ne l’aurait pas attendue : l’électronique à tendance expérimentale.

Dans les chants de Clara!, le dernier EP de Simo Cell ou les mix de Bill Kouligas, cette nouvelle invasion du dancehall s’affiche clairement partout, et peu la gèrent aussi bien que le producteur dominicain Kelman Duran, nouveau favori de ce genre dont les contours et l’étendue restent encore à définir.

Preuve à l’appui, son dernier album 13th Month et son dancehall filtré, bourré de samples et d’edits insérés un peu partout. Dans ce bordel destructuré mais organisé, le dancehall et le raggaeton s’entendent ici comme en fond, dans la retenue mais pas édulcorés.

Tour de force ultime, cette forme de dancehall détourné vers le downtempo et le mélancolique s’aventure aussi dans le sample hip-hop, avec les paroles les plus suicidaires de Notorious Big, samplées sur le titre Gravity Waves ll.

Et en sortant son 2ème album en moins de deux ans, Kelman Duran nous donne un paquet de matière pour écouter cet oxymore musical qu’on aurait pas su inventer nous-mêmes : le reggaeton ambient. Long live the weird.